Qu’est-ce que la psychothérapie existentielle ?

La psychothérapie existentielle est une approche encore en développement, issue de la rencontre entre philosophie existentialiste et pratique psychothérapeutique. Elle trouve ses fondements dans l’analyse phénoménologique de l’existence humaine et dans l’étude des structures de la conscience. Son objectif principal est d’explorer la manière dont le sujet vit et perçoit son existence, en mettant l’accent sur les tensions, les angoisses et les modes d’engagement dans le monde.


Origines et influences de la psychothérapie existentielle

L’analyse existentielle en psychiatrie a été initiée par Ludwig Binswanger, qui s’est appuyé sur la philosophie existentialiste de Martin Heidegger. À travers son œuvre, Heidegger avait mis en évidence les deux grandes contraintes de l’existence humaine :

  • L’astreinte à la tâche : l’individu est en permanence amené à se construire et à agir dans le monde.
  • L’angoisse du néant : la confrontation à la mort et à l’inconnu est un élément fondamental du vécu humain.

Binswanger y a ajouté une autre dimension : le pôle de l’amour, qui donne un sens et une direction à l’existence. En France, Eugène Minkowski a enrichi cette approche en s’intéressant particulièrement à la temporalité subjective et au rapport de l’individu à son propre vécu.


Les concepts fondamentaux de l’analyse existentielle

1. Les variétés du Moi

Binswanger distingue trois modes d’existence à travers lesquels le sujet vit et se structure :

  • Le mode singulier : marqué par l’individualisme et la solitude, ce mode peut conduire à l’isolement ou à l’autisme. Il inclut également l’existence anonyme, où l’individu se conforme aux attentes du « on » social.
  • Le mode dual : caractérisé par la relation intime avec un autre (amour, amitié), il permet une communion avec autrui et transforme la perception du temps et de l’espace.
  • Le mode plural : ce mode concerne la coexistence avec autrui, marquée par des tensions entre donner prise aux autres et se sentir pris par eux.

2. Le mouvement existentiel

Chaque individu possède une manière propre de s’insérer dans le monde, qui se traduit par :

  • Son langage figuré (expressions comme « j’en ai plein le dos », « je touche le fond »).
  • Ses attitudes corporelles, qui révèlent des dimensions profondes de son rapport à l’existence.

3. L’ouverture au monde

Le sujet ne vit pas dans un monde « objectif », mais dans une représentation subjective de son univers. Cette ouverture au monde varie selon :

  • La temporalité : certaines pathologies (dépression, anxiété) altèrent la perception du temps.
  • La spatialité : les phobies, par exemple, peuvent être analysées comme une difficulté à gérer la distance.
  • La causalité : les paranoïaques attribuent systématiquement leurs malheurs à des intentions extérieures, alors que les mélancoliques vivent dans une sensation de déterminisme absolu.

Application à la psychopathologie

L’analyse existentielle apporte un éclairage renouvelé sur certains troubles psychiatriques :

La phobie du toucher : plutôt qu’un simple trouble anxieux, elle peut être comprise comme une difficulté existentielle à gérer la distance et la proximité avec autrui.
La mélancolie : l’individu se sent enfermé dans un déterminisme absolu, où toute action semble vaine.
La paranoïa : le malade perçoit son existence comme étant continuellement façonnée par l’intentionnalité des autres, d’où son sentiment de persécution.
La manie : elle peut être interprétée comme une forme d’abandon au hasard, où l’individu n’est plus guidé par une structure cohérente du monde.


Quelle place pour la psychothérapie existentielle ?

Sur le plan thérapeutique, cette approche ne modifie pas en profondeur la technique clinique mais elle transforme l’attitude du thérapeute, qui doit :

  • Se centrer sur le langage et les métaphores du patient, en analysant le contenu manifeste des rêves et des expressions.
  • Adopter une posture phénoménologique, où il ne s’agit pas d’interpréter les symptômes en termes de mécanismes inconscients, mais de comprendre la structure de l’expérience du patient.
  • Accompagner la prise de conscience, en aidant le sujet à élargir sa perception du monde et à retrouver une ouverture existentielle plus riche.

Trois questions essentielles sur la psychothérapie existentielle

  1. Quelle est la différence entre la psychothérapie existentielle et la psychanalyse ?

    • La psychanalyse cherche à dévoiler l’inconscient, tandis que la psychothérapie existentielle explore la manière dont l’individu vit et structure son monde.
  2. Quels sont les troubles les plus adaptés à cette approche ?

    • Les troubles anxieux, dépressifs et existentiels sont les plus concernés, car ils impliquent souvent des altérations du rapport au monde.
  3. Pourquoi accorder une importance au langage figuré du patient ?

    • Les expressions imagées traduisent souvent une structure profonde du vécu, permettant d’accéder directement aux tensions existentielles du sujet.

Idée clé

La psychothérapie existentielle est une approche qui met au centre l’expérience vécue et la structure de la conscience. En analysant comment le sujet se situe dans son rapport à l’autre, au temps et à l’espace, elle offre un cadre thérapeutique unique pour explorer les tensions qui sous-tendent la souffrance psychique.

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