L’intelligence selon Jean Piaget
L’œuvre de Jean Piaget sur l’intelligence a profondément marqué la psychologie du développement. Pour Piaget, l’intelligence n’est pas une faculté innée ou statique, mais un processus dynamique d’équilibration. Elle se construit progressivement à travers des interactions avec l’environnement, par assimilation et accommodation. Il la définit comme un processus d’équilibration graduelle qui aboutit à certaines structures cognitives réversibles, que l’on retrouve dans les mécanismes fondamentaux de la pensée logique.
La formation des structures de l’intelligence
1. L’intelligence comme un processus adaptatif
Piaget distingue trois formes d’adaptation :
- L’instinct : adaptation héréditaire aux situations répétitives.
- L’habitude : adaptation acquise, basée sur l’expérience.
- L’intelligence : adaptation aux situations nouvelles, marquée par la recherche et le tâtonnement.
L’intelligence est donc avant tout un processus évolutif visant un équilibre cognitif.
2. L’intelligence et les opérations réversibles
Pour Piaget, l’intelligence repose sur la réversibilité des opérations mentales. Une opération cognitive est une action intériorisée qui peut être exécutée en pensée et s’inverser sans perdre de sens.
Exemple : en mathématiques, addition et soustraction sont des opérations réversibles, tandis que « fumer une pipe » ne l’est pas.
Les enfants construisent progressivement ces opérations en passant de l’action concrète à la pensée abstraite. L’expérience du verre d’eau illustre cette évolution :
- Avant 7 ans, un enfant pense qu’un liquide versé dans un récipient plus étroit est en plus grande quantité, car il raisonne sur la configuration perceptive.
- Après 7 ans, il acquiert la conservation des quantités, car il comprend que les transformations n’affectent pas le volume total.
3. Intelligence et structuration
L’intelligence ne se réduit pas à des tâtonnements ou des essais-erreurs. Elle implique des structures logiques qui organisent la pensée, comme :
- La classification des objets selon des critères (ex. : ranger des cubes par taille).
- La sériation (ordonner des objets selon une grandeur).
- La transitivité (si A < B et B < C, alors A < C).
Ces structures, bien que présentes dès l’enfance sous une forme intuitive, ne deviennent opératoires qu’avec le développement cognitif.
Comparaison avec d’autres théories de l’intelligence
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L’associationnisme
Les théories classiques de l’intelligence reposaient sur l’idée que la pensée fonctionnait par associations d’images et de perceptions. Piaget critique cette approche et montre que l’intelligence repose sur des assimilations actives, et non sur une simple accumulation de connaissances. -
La Gestalt et la psychologie de la pensée
La Gestalt insiste sur la structuration perceptive, mais Piaget va plus loin : l’intelligence ne se limite pas à la perception, elle se construit à travers des opérations logiques et des transformations mentales. -
L’apport de Piaget
L’intelligence est donc un processus d’équilibration, où les connaissances sont continuellement modifiées pour atteindre un équilibre plus stable. Elle n’est pas une simple reproduction du réel, mais une reconstruction active fondée sur des opérations mentales de plus en plus complexes.
Trois questions essentielles
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Qu’est-ce que l’intelligence pour Piaget ?
L’intelligence est une construction progressive, fondée sur des interactions avec le monde et structurée par des opérations mentales réversibles. -
Comment se forme l’intelligence selon Piaget ?
Elle se développe par assimilation et accommodation, conduisant à des structures cognitives de plus en plus complexes. -
Pourquoi l’intelligence ne peut-elle pas être réduite à une simple association d’idées ?
Parce qu’elle repose sur des transformations logiques et des structures opératoires, et non sur de simples connexions entre impressions sensorielles.
L’idée clé
L’intelligence, selon Piaget, est un processus actif et structuré qui se développe progressivement à travers des opérations logiques et des transformations réversibles. Elle n’est pas un simple reflet de la réalité, mais une construction dynamique qui permet à l’individu de comprendre, d’agir et d’adapter continuellement sa pensée aux nouvelles situations.
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