Les 6 attitudes de Porter et l’entretien non-directif

Dans le champ de la psychologie clinique et sociale, l’entretien non-directif occupe une place à part. Plus qu’une simple méthode d’investigation, il repose sur un véritable positionnement relationnel. Au cœur de cette approche : la volonté de libérer la parole de l’interviewé et de favoriser l’émergence de son expérience vécue. Dans cet esprit, les travaux d’E.H. Porter sur les « six attitudes de base » offrent une grille précieuse pour penser l’écoute dans la relation d’aide comme dans les enquêtes qualitatives.

Comprendre les 6 attitudes de Porter

E.H. Porter distingue six grandes attitudes que peut adopter un thérapeute, un conseiller ou un intervieweur dans une situation d’entretien :

1. L’évaluation : elle implique un jugement implicite ou explicite sur ce que dit l’autre. C’est l’attitude la plus directive et souvent la moins propice à l’émergence libre de la parole.

2. L’interprétation : le professionnel propose un sens à ce que dit l’autre. Cette attitude peut être pertinente mais comporte un risque d’influence.

3. L’aide (ou réassurance) : elle cherche à apaiser l’émotion, mais tend à nier le ressenti de l’autre en lui disant indirectement qu’il ne devrait pas se sentir ainsi.

4. L’enquête (ou exploration) : en posant des questions pour approfondir, elle garde un caractère plus ouvert, tout en maintenant un certain contrôle sur la direction de l’entretien.

5. La compréhension : cœur de l’approche non-directive, elle consiste à reformuler ou valider ce que ressent le sujet, sans interpréter ni juger.

6. La solution (rajoutée dans certains modèles ultérieurs) : elle vise à proposer une réponse ou un conseil pratique, souvent absente dans une démarche strictement non-directive.

Dans l’entretien non-directif, l’attitude de compréhension est centrale. Elle vise à créer un climat de sécurité psychologique permettant au sujet d’explorer ses représentations et émotions, sans pression extérieure.

L’entretien non-directif : principes et applications

L’entretien non-directif, souvent inspiré des approches rogeriennes « centrées sur la personne », se caractérise par une raréfaction des questions, une posture d’écoute active et une grande liberté accordée à l’interviewé dans la conduite de son discours.

Un exemple simple illustre la différence : à la question « Parlez-moi de vos loisirs », un entretien directif attendra des réponses précises sur les pratiques, la fréquence, les préférences. À l’inverse, l’entretien non-directif écoutera les hésitations, les associations, les émotions qui surgissent spontanément, laissant émerger un sens plus profond.

Questions fréquentes

À quoi servent les 6 attitudes de Porter ?
Elles permettent d’analyser les réponses verbales d’un professionnel ou d’un interviewer, et d’ajuster son positionnement pour favoriser une communication respectueuse et efficiente.

Quelle est l’attitude recommandée en entretien non-directif ?
L’attitude de compréhension est privilégiée, car elle respecte l’autonomie du sujet et facilite l’exploration de ses propres vécus.

Un entretien non-directif est-il adapté à tous les contextes ?
Non. Il est particulièrement utile en psychothérapie, en clinique ou en recherche qualitative approfondie, mais moins pertinent pour des objectifs normatifs ou des enquêtes quantitatives.

En résumé

L’entretien non-directif, structuré autour de l’attitude de compréhension, ne vise pas à obtenir des réponses normées, mais à permettre au sujet de s’exprimer de façon authentique et exploratoire. En s’appuyant sur la typologie de Porter, le psychologue peut affiner son écoute et moduler ses interventions selon le cadre et les objectifs de l’échange. Cette approche exigeante mais féconde est un outil clé pour qui souhaite accéder aux dimensions profondes de l’expérience humaine.