Le TAT de Murray et sa méthode d’interprétation

Introduction

Le Thematic Apperception Test (TAT), conçu par Henry Murray en 1935, est l’un des tests projectifs les plus utilisés en psychologie clinique pour analyser la dynamique de la personnalité. Ce test repose sur la narration d’histoires à partir d’images ambiguës, ce qui permet d’explorer les motivations inconscientes, les conflits internes et les relations interpersonnelles du sujet. Contrairement au test de Rorschach, qui mobilise davantage l’imaginaire et la perception visuelle, le TAT sollicite la capacité narrative et le rapport du sujet à son environnement social et affectif.

La méthode d’interprétation de Murray, bien que sujette à de nombreuses adaptations, reste l’une des plus rigoureuses pour analyser le contenu des récits produits par le sujet. Cet article explore la structure du test, sa passation et son mode d’interprétation.


1. Structure et passation du TAT

Un matériel adapté au profil du sujet

Le TAT est composé de 31 planches, représentant des scènes variées impliquant des personnages humains, des paysages et des situations ambiguës. Certaines images sont spécifiques à l’âge et au sexe du sujet :

  • Garçons (B – Boy) et filles (G – Girl) : Planche adaptée aux enfants.
  • Hommes (M – Male) et femmes (F – Female) : Destinée aux adultes.
  • Planches communes : Certaines images sont utilisables pour toutes les catégories.

Parmi ces planches, certaines sont fortement évocatrices (ex. un couple en interaction), tandis que d’autres sont plus abstraites. Une planche blanche est également incluse pour explorer l’image idéale que le sujet a de lui-même.

Déroulement de la passation

La passation du test suit une procédure standardisée :

  1. Deux séances espacées de 24 heures :

    • 10 planches par séance, pour éviter la fatigue et assurer une qualité de réponse homogène.
    • Certains examinateurs font passer les 31 planches, mais la norme est d’en administrer 20.
  2. Consigne donnée au sujet :

    • Il doit raconter une histoire à partir de chaque image, en précisant :
      • Ce qui s’est passé avant la scène.
      • Ce qui se passe sur l’image.
      • Ce qui va se passer après.
      • Les sentiments des personnages.
  3. Flexibilité des consignes :

    • L’examinateur adapte les instructions en fonction du niveau intellectuel et de l’âge du sujet.
    • Il peut encourager un sujet trop bref ou inciter un sujet trop prolixe à synthétiser ses récits.
  4. Spécificité de la seconde série :

    • Murray recommande d’annoncer que les images seront plus floues et qu’il faut laisser libre cours à l’imagination.
    • Cette technique vise à atteindre des niveaux plus profonds du psychisme, mais les études montrent que la différence avec la première série reste minime.

2. La méthode d’interprétation de Murray

Murray considère que les histoires racontées par le sujet sont des déguisements de ses conduites réelles. Le test permet donc d’analyser :

  • Les relations interpersonnelles du sujet (famille, amis, figures d’autorité).
  • Ses réactions habituelles face à l’environnement.
  • Les conflits internes et les motivations inconscientes.

L’interprétation du TAT repose sur deux niveaux d’analyse :

  1. L’analyse de la forme (structure du récit, qualité de l’expression).
  2. L’analyse du contenu (motivations du héros, relations avec l’entourage, déroulement et dénouement de l’histoire).

L’analyse de la forme

L’objectif est d’évaluer la qualité de la pensée et du discours à travers plusieurs critères :

  • Compréhension de la consigne :

    • Certains sujets comprennent immédiatement.
    • D’autres produisent des descriptions au lieu d’un récit.
    • Certains ne structurent pas leur histoire avec un début, un milieu et une fin.
  • Niveau de coopération : Le sujet répond-il spontanément ou montre-t-il des résistances ?

  • Exactitude de la perception :

    • Certaines distorsions peuvent être indicatives de troubles psychotiques.
  • Composition du récit :

    • Récits répétitifs ou contradictoires.
    • Narration logique ou incohérente.
    • Niveau de dramatisation (mise en scène émotionnelle exagérée).
    • Degré de réalisme (histoires réalistes ou totalement fantaisistes).
  • Analyse du langage :

    • Pauvreté ou richesse du vocabulaire.
    • Style utilisé (formel, familier, argotique).
    • Syntaxe fluide ou hachée.

Certaines pathologies ont des tendances spécifiques :

  • Obsessions → L’individu hésite entre plusieurs versions d’une histoire.
  • Schizophrénie → Récits marqués par des bizarreries.

3. L’analyse du contenu

Le héros et ses motivations

Dans chaque histoire, un héros principal représente le sujet testé. Ce personnage est :

  • Du même sexe et du même âge que le sujet.
  • Celui qui capte le plus d’attention dans le récit.

Les motivations du héros révèlent les dynamismes de la personnalité du sujet :

  • Besoin d’affiliation (désir d’être aimé et accepté).
  • Tendances agressives (physiques ou verbales).
  • Conflit avec l’autorité (rejet de la domination).
  • Peur de la perte et de l’abandon.

Lorsque plusieurs personnages sont mis en avant dans une histoire, cela peut indiquer un conflit interne ou une projection de différentes parties du Moi.

L’influence du milieu

L’examinateur analyse comment les autres personnages influencent le héros :

  • Figures paternelles et maternelles → Protection, rejet ou domination ?
  • Personnages du même sexe ou de sexe opposé → Rivalité, attachement, peur ?
  • Éléments extérieurs → Facteurs de danger ou de réassurance ?

Déroulement et résolution de l’histoire

  • Comment le héros réagit-il aux événements ?
    • Subit-il ? Prend-il le contrôle ? Manipule-t-il ?
  • Comment l’histoire évolue-t-elle ?
    • Logique ou chaotique ?
    • Déni du problème ou confrontation directe ?
  • Le dénouement est-il positif ou négatif ?
    • L’histoire s’achève-t-elle sur une réussite, un échec ou une absence de résolution ?

Conclusion

Le TAT de Murray est un outil puissant pour explorer les motivations inconscientes et les conflits internes d’un sujet. Son interprétation repose sur une double analyse :

  • La forme (qualité du discours, organisation du récit, structure cognitive).
  • Le contenu (motivations du héros, relations interpersonnelles, dynamique psychique).

Bien que l’interprétation du TAT soit plus subjective que celle du Rorschach, elle reste un moyen privilégié pour comprendre les enjeux profonds de la personnalité et ses modes d’adaptation au monde extérieur.


Idée clé mise en avant :

“Le TAT permet d’accéder aux dynamiques inconscientes du sujet à travers la narration de récits où il projette ses conflits et ses aspirations.”

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